Pays basqueEuskal Herria(eu) Localisation du Pays basque en Europe.Héraldique Drapeau Administration Pays Espagne FranceStatut Communautés autonomes (Es) Provinces historiques (Fr) Administration C. A. du Pays basque Navarre Pyrénées-Atlantiques(Pays basque français) Cantabrie(Valle de Villaverde) Castille-et-León(Enclave de Treviño) Villes principales Bilbao(345821 hab.) Vitoria-Gasteiz(249176) Pampelune(199806 hab.) Saint-Sébastien(186095) Barakaldo(100502 hab.) Getxo(78276 hab.) Irun(61983 hab.) Bayonne(50589 hab.) Portugalete(45826 hab.) Santurtzi(45795 hab.) Démographie Gentilé Basque Population 3106759hab.(2015) Densité 150hab./km2 -Euskadi 2164311 hab. (70%) -Navarre 636142 hab. (20%) -Pays basque français 306306 hab. (10%) Géographie Superficie 20664km2 -Hegoalde(Es) 17625km2(85%) -Iparralde(Fr) 3039km2(15%) Divers Devise(de facto ) «Zazpiak Bat »(eu)(Les 7 (provinces) font un) Langues officielles BasqueN 1 etespagnoldans la Communauté autonome basque et dans le quart septentrional de la Navarre Françaisau Pays basque français Hymne Eusko Abendaren Ereserkia(Hymne à lappartenance ethnique basque)
LePays basque (enbasque:Euskal Herria ; enespagnol:País Vasco ), soit le pays de la langue basque (leuskara ), est un territoire de traditions (anciennes, renouvelées, ou nouvelles), de cultures et dhistoire basque, terre traditionnelle dupeuple autochtonedesBasques1 dont la languebasqueest actuellement parlée par 28,4% de la population etcomprisepar 44,8%2 , 3 . Appelé au Moyen ÂgeVasconieet très probablementCantabrieà l’époque romaine, il sétend de lÈbreà lAdour, sur deux pays, lEspagneprincipalement et laFrance, à cheval sur lextrémité occidentale de la chaîne desPyrénées, et est baigné par legolfe de Gascogne.
Il est difficile de préciser avec exactitude les contours dEuskal Herria dont les frontières administratives ne coïncident pas toujours avec les frontières ethniques et culturelles4 . Selon lAcadémie de la langue basque, il sagit des territoires de langue basque nommés en1643par lécrivainAxulardans lavant-propos de son livreGero 5 , 6 , à savoir les sept provinces basques traditionnelles (Zazpiak Bat): leLabourd, laSoule, laBasse-Navarre, laNavarre, laBiscaye, lAlavaet leGuipuscoa.
Sur la base de cette définition, le Pays basque recouvre actuellement 20500km2et compte trois millions dhabitants7 , répartis en trois entités politiques distinctes: deuxcommunautés autonomes espagnolesque sont lacommunauté autonome du Pays basque(dont les trois provinces, Alava, Guipuscoa et Biscaye, représentent 35% du territoire et 70% de la population totale) et laNavarre(plus de 50% du territoire et 20% de la population totale) qui forment lePays basque espagnol, ainsi quune portion dudépartement françaisdesPyrénées-Atlantiques: lePays basque français(le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule représentent 15% du territoire et 10% de la population), représenté par lacommunauté dagglomération du Pays Basquedepuis janvier 20178 .
Étymologie Cest à lunitélinguistiquedune grande partie de ses habitants que lensemble doit son nom9 . En basque, le nom du pays est aussi étroitement lié à celui de sa langue. Pays basque se traduit parEuskal Herria (Pays basque) =Euskararen Herria (le pays de la langue basque), et Basque pareuskaldun =Euskara dun (celui qui possède la langue basque)10 . Très peu de peuples se désignent et désignent leur pays par la connaissance de leur langue10 . Quant au motEuskadi 5 , initialement orthographié «Euzkadi» et inventé par le père dunationalisme basque,Sabino Arana, auxix esiècle, il désigne la patrie basque. Les deux termes ont donc une portée différente. «Euskal Herria» est une notion plus géographique et culturelle, alors que «Euskadi» est une notion politique: elle désigne la nation basque. À lheure actuelle, Euskadi est le nom basque de laCommunauté autonome du Pays basqueformée par les 3 provinces: lAlava, la Biscaye et le Guipuscoa (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa en basque; cf.infra ).
Orthographe basque pour les territoires du Pays basque espagnol. En février 2011, la séance plénière du Congrès des députés dEspagne a fait un premier pas pour changer la toponymie officielle des trois territoires de la Communauté autonome basque, qui sont désormais écrits de la façon suivante:Araba-Álava, Bizkaia ,Gipuzkoa 11 .
Histoire et réceptions de la notion de Pays basque Des terres peuplées de Basques au territoire basque Longtemps leroyaume de Navarrefut lexpression la plus aboutie de la souveraineté du peuple basque. À la suite de la disparition forcée de ce royaume auxvi esièclela notion ethno-culturelle «Pays basque» a fini par prendre le dessus sur le concept politique «royaume de Navarre» [réf.nécessaire]. Lexpression «Terre des Basques» apparaît très précocement dans les textes en français, ainsi la lit-on déjà dans les «Chroniques» deJean Froissartécrites dans la deuxième moitié duxiv esiècle12 . Jusquauxviii esiècle, lexpression «Pays des Basques» est utilisée pour désigner des espaces détendue variable peuplés de Basques.
En basque, la formuleEuskal Herria est attestée à partir duxvi esiècle(chez Joanes Leizarraga en 1571). Comme pour les formes françaises, on désigne ainsi les régions peuplées de Basques. En1643, le traité de religionGero de Pedro de Axular, en langue basque, est le premier document connu qui décrit territorialement ce «Pays basque» en fournissant lénumération des sept provinces qui le composent13 .
Une telle description géographique demeure isolée. On note une nouvelle énumération des sept provinces (désignées comme «pays particuliers») constituant un Pays basque, cette fois en français sous la plume duchevalier de Béladans sonHistoire des Basques rédigée entre1761et176614 .
Auxix esiècle, lexpression «Pays basque» est désormais dusage courant en français15 , encore que son sens varie selon le contexte: région de langue basque, territoire des sept provinces ou territoire des trois provinces basques de France. Pendant cette même périodePaís Vasco reste rare en espagnol: les terres peuplées de Basques sont désignées commeVascongadas , commePaís Vasco- Navarro ,País euskaro 15 , par lexpression basqueEuskal Herría intégrée à la langue espagnole (sous des orthographes variées:Euskal-Erria ,escualherria …)13 , ou tout simplement commeSeñorío de Vizcaya .
Ainsi dans la deuxième moitié duxix esiècle, sous des appellations assez variées, le territoire composé des sept «provinces» traditionnelles est devenu un cadre conceptuel dusage courant, bien au-delà des cercles nationalistes selon lAcadémie de la langue basque13 . À titre dexemple, on peut mentionner la carte des dialectes basques dressée en1869parLouis Lucien Bonapartequi est intitulée: «Carte des sept provinces basques»16 .
Il est a noter que lesbasques mexicainscomposent lun des groupes européens les plus importants et les plus nombreux au Mexique. Ils sont en général originaires deNavarre, dEuskadiou dIparralde. Cest lune des plus grandesdiasporas basquesau monde.
Variantes Les «sept provinces» comme projet national Avec la montée en puissance dunationalisme basque,Sabino Aranainvente un nouveau mot à la fin duxix esiècle:Euzkadi , la «patrie basque». Désignant le même territoire que le «Pays basque», il fait plus que décrire la délimitation dune région culturelle et sous-tend un projet politique pour ce territoire13 . Un autre terme basque,Zazpiak Bat («les sept font un») va fournir encore une autre façon, plus lyrique, de se référer à ce projet politique16 .
Dautres contours pour le pays des Basques On pourrait aussi définir le Pays basque à partir dun critère purement linguistique, et en retirer notamment le sud de lAlava et de la Navarre. Ce point de vue est courant voire majoritaire auxix esiècle; ainsi à partir de cette définition laGrande Encyclopédie de Berthelot peut-elle écrire auxix esiècleque «niBayonne, niPampelune, niBilbaone sont basques». On retrouve encore ce mode de définition tardivement auxx esièclecomme dansLe Pays basque de Georges Viers, publié en1969. Cette conception sest toutefois essoufflée et nest pratiquement plus défendue de nos jours, où lidentité basque est conçue comme transcendant largement la seule identité linguistique17 .
Plus anecdotique est le projet ultra-nationaliste deFederico Krutwigpour qui le Pays basque doit être une «grande Vasconie» incluant toutes les terres qui auraient été basques un jour:Gascogne, région deJaca,la Riojaet laBureba18 . Cest ce quon dénomme en basqueOrok Bat , qui signifie «Toutes unies»19 .
Oppositions Côté français La validité du concept de «Pays basque» transnational, au sein duquel sintègre le Pays basque français, ne pose guère question du côté nord de la frontière20 . Linclusion dans le territoire du Pays basque de zones où la langue populaire était legascon(surtoutBayonne) a pu être une question polémique jusquau-delà du milieu duxx esiècle: en1922le choix du nom à donner au «Musée basque et de la tradition bayonnaise» est lobjet de «vives discussions» avant daboutir à un «compromis»21 , et en1986encore, Manex Goyhenetche juge nécessaire, dans son guide historique de Bayonne, de consacrer trois pages véhémentes à affirmer la basquitude de la ville contre «certains auteurs» selon lui «non dépourvus parfois de sentiments anti-basques»22 . Mais avec le temps, les représentations collectives évoluent et, comme le note Gisèle Carrière-Prignitz, même la rive droite de lAdour, àBoucauetSaint-Esprit, est aujourdhui «intégrée» au Pays basque23 ; les voix regrettant cet état de fait semblent en ce début dexxi esiècleêtre peu audibles24 , même si Barbara Loyer estime que «cette représentation de l’identité basque de l’agglomération fâche ou inquiète une partie de la population»25 .
Côté espagnol: la question navarraise En revanche une partie significative de lopinion publique espagnole et particulièrement navarraise refuse dadmettre la pertinence de ce concept de «Pays basque». Le chef de lopposition espagnole,Mariano Rajoyva jusquà déclarer, en avril2006: «La Navarre est la Navarre depuis des siècles, Euskal Herria nexiste pas»26 .
LaNavarre, dont la partie sud nest plus bascophone, est lobjet dun sentiment didentité régionale particulièrement marqué — à tel point quon parle denavarrisme. Son articulation avec lidentité basque nest pas simple et surtout pas univoque, si bien quon peut parler aujourdhui de navarrismes au pluriel: un navarrisme qualifié d«espagnoliste» par ses adversaires – qui revendique son ancrage à lEspagne et se construit en sopposant aux revendications basquisantes – qui soppose à un navarrisme basquiste – qui voit dans le projet politique national basque le cadre le plus approprié pour lépanouissement de lidentité navarraise27 .
Cette dualité de conceptions de lidentité navarraise se manifeste dans le sentiment populaire vis-à-vis du concept d«Euskal Herria», et cette idée dun grand Pays basque incluant leur province semble rejetée par environ la moitié de la population28 . On a pu utiliser lexpression d«Ulsterbasque» pour décrire lécartèlement de lopinion publique navarraise29 .
Pierre Letamendia fait remarquer que cette situation nétait pas une fatalité historique: rapprochant la Navarre de lAlava, il souligne la grande similitude culturelle entre les deux provinces, toutes deux non bascophones au sud, toutes deux marquées par lecarlismeet très conservatrices au moment de la guerre civile, toutes deux rurales sindustrialisant seulement au milieu duxx esiècle. Il isole des différences fortuites: lAlava a adhéré austatut de 1936, la Navarre a un passé de royaume, mais considère aussi comme essentiel le rôle de la presse locale et notamment duHeraldo de Navarradans la construction dune identité navarraise en opposition à lidentité basque30 .
Analyses La conception extensive du territoire basque qui est lobjet de cet article nest pas dépourvue de cohérence: ainsi délimité, le Pays basque est simplement la réunion des sept provinces qui contiennent des locuteurs du basque. PourBarbara Loyer, la formation sociale du territoire va de pair avec lévolution de lidentité basque. Dans un premier temps essentiellement linguistique, elle est alors «une représentation ethnique avant dêtre politique»; lorsque le nationalisme basque se développe, lexistence dinstitutions provinciales similaires dans les sept provinces constitue un élément dunité particulièrement structurant pour la nouvelle idéologie31 , et cette focalisation sur les anciennes libertés et lesfueros conforte linstallation de lidentité nationale basque dans la grille préexistante des limites provinciales32 .Béatrice Leroy, en posant les difficultés de lécriture dune histoire dans ce cadre préétabli, accepte lexercice en rattachant la territorialité basque aux «normes de la géopolitique duxix esiècle»33 .
Les auteurs proches dunationalisme basqueposent souvent le concept d«Euskal Herria» comme une donnée, sans discussion de sa validité — même dans des présentations relativement longues de son territoire ou discussions de lidentité basque34 . La question nest toutefois pas systématiquement éludée par les nationalistes basques: ainsiManex Goyhenetche, qui est dabord un historien, en fait louverture de sonHistoire générale du Pays basque sous le titre provocateur «Le Pays basque existe-t-il?». Il conclut à une communauté de destin des habitants du territoire, qui malgré leur grande diversité «sont définis par un ensemble de caractères relativement stables susceptibles de conférer une personnalité collective, voire une identité collective»35 . Plus récemment,Jean-Louis Davantjuge quil convient de «débattre du principe de la territorialité» puis défend le cadre des sept provinces comme «le plus cohérent» pour représenter le territoire basque36 .
La pensée dePierre Letamendiaest nuancée: pour lui «Ce nest que par convention et par construction sociale et politique quon peut identifier le Pays basque et les sept provinces historiques traditionnelles. Ces dernières ont incontestablement un enracinement historique et politique. Mais celui-ci nest pas fondé exclusivement ou même principalement sur un substrat culturel basque»4 . Il admet par ailleurs qu«il est certain quune réelle parenté culturelle rassemble, ou plutôt a rassemblé lensemble des Basques37 .»
La territorialité: enjeux contemporains La géopolitologue Barbara Loyer, foncièrement hostile aux nationalismes régionaux, propose une peinture très critique des enjeux territoriaux de la construction de lidentité. Pour elle «plus on prend en considération des ensembles spatiaux vastes, plus on néglige les diversités locales au profit des représentations». Dressant un tableau très pessimiste des conséquences des revendications nationales et notamment linguistiques, elle fournit une lecture conflictuelle des inscriptions territoriales; dans le cas spécifique de la Navarre, elle voit dans le projet national basque une volonté de «faire coïncider par une relation d’appartenance historique une langue et un territoire, sans tenir compte des locuteurs qui y viennent ou qui s’en vont». Pour elle, «rien n’est moinsnaturel qu’un territoire»: derrière le choix dune représentation territoriale, il y a des enjeux géopolitiques en termes de pouvoir38 .
Des auteurs plus ouverts au nationalisme basque sont beaucoup plus optimistes et voient au contraire dans la montée en puissance de la territorialisation de lidentité basque une chance. Interviewé dansLema , mensuel duparti nationaliste basque,Jean-Philippe Larramendydéclare «Jaime cette idée quil suffit dhabiter au Pays basque pour devenir basque»39 . Une analyse deThomas Pierredécrit lévolution de la pensée nationaliste qui, bâtissant depuis les dernières années duxx esiècleune nouvelle «identité territoriale», redéfinit ce que signifie être basque. Séloignant de la conception linguistique inadéquate et de la conception ethnique qui a longtemps imprégné le mouvement national basque, elle se débarrasse ainsi dune catégorie de pensée peu rigoureuse. Il est dailleurs selon Thomas Pierre intéressant de relever quau même moment ce sont les opposants à linstitutionnalisation de la culture basque qui, tout en dénonçant chez leurs adversaires des dérives ethnicistes fantasmées, sont paradoxalement ceux qui continuent à raisonner dans des cadres ethniques périmés40 .
Géographie Extension du territoire Les sept provinces du Pays basque Traditionnellement, le Pays basque est décrit comme formé par la réunion de sept provinces, ou territoires historiques. Quatre au sud desPyrénéesforment lepays basque espagnol(ou Pays basque sud) (Hegoalde ) et trois au nord forment lepays basque français(ou Pays basque nord) (Iparralde ).
Avec une précision au km² près, chaque source ou presque fournit une valeur différente de la superficie du territoire. Cela peut sexpliquer dune part par lindétermination des frontières exactes dupays basque françaiset dautre part par le choix dinclure ou non lenclave de Treviñodans le calcul: on lit ainsi 20551km2dansNationalismes au Pays basque 41 ; 20587km2dansNosostros Los Vascos 42 , 20657km2dans larticle (en espagnol)Geografia de lencyclopédie Auñamendi, 20664km2dansEuskal Herria - Un pueblo 43 , 20725km2dansNotre terre basque 44 .