« Charles Chaumet était de la lignée et comme lhéritier spirituel de ces Girondins, fougueux amants de la liberté, qui fondèrent la République. Nourri de leur tradition, fils du même terroir, il en possédait au plus haut point les hautes qualités déloquence, de patriotisme, de générosité et de désintéressement. Sous son enveloppe de modestie charmante, doublée dune exquise sensibilité de cœur, cest un politique de grande race que le pays vient de perdre. » Ce sont les mots par lesquels Albert Lebrun, président du Sénat, salue la mort de Charles Chaumet, le 27 janvier 1932.
Charles Chaumet avait débuté dans la presse. De bonne heure, il sétait fait remarquer par le loyalisme et la fermeté de ses convictions républicaines, mais aussi par le constant souci quil apportait à étudier les grands problèmes économiques et sociaux et par la curiosité intelligente quil mettait à aborder les questions de mutualité encore balbutiantes et celles du commerce ou de lindustrie pouvant intéresser sa région. Son action sétendit rapidement soit par les journaux dans lesquels il écrivait, soit par les nombreuses conférences grâce auxquelles il se fit rapidement connaître au cours de cette période de son active jeunesse, dans tout le pays bordelais, pays de Montaigne et de Montesquieu.
Devenu député de Gironde en 1902, il joua à la chambre le rôle politique de premier plan, mais toujours dominé par les préoccupations qui avaient été celles de ses débuts.
Il fut lun des artisans de la législation qui mit fin à la fabrication de labsinthe.
Lorsquen raison de la notoriété quil sétait acquise auprès de ses collègues et du prestige dont il jouissait parmi eux, il fut appelé à siéger dans les conseils du Gouvernement, il ne voulut accepter quun département ministériel où se traitaient plus précisément les questions avec lesquelles il sétait toujours familiarisé.
Cest ainsi quil devint, en 1911, sous-secrétaire dÉtat chargé des travaux publics, des Postes et télégraphes et quil resta pendant deux ans à la tête de ses grands services dans quatre cabinets successifs.
Cest ainsi également quil devint, en 1917, ministre de la Marine, acceptant une mission particulièrement difficile et délicate à cette heure.
Sénateur en 1923, fondateur du groupe de lUnion démocratique et radicale (UDR, proche des Radicaux indépendants, il continua sa politique active et positive quil alliait étroitement à un constant désir de rapprochement et dunion entre les partis.
Il fut tour à tour, à la haute assemblée, membre des commissions de la Marine, des Affaires étrangères, de lArmée. Ses interventions à la tribune toujours écoutées et appréciées. Au nom du groupe de lUnion démocratique et radicale, dont il était le président, il fit en août 1924, une longue et remarquable déclaration au sujet des accords de Londres.
Il redevenait à nouveau ministre en 1925 et recevait le portefeuille du Commerce, de lindustrie, et des postes et télégraphes.
Patriote, dans une profession de foi quil adressait à ses électeurs en 1914, il disait notamment : « jai toujours mis au premier rang de mes préoccupations la défense nationale. Notre premier devoir est dassurer la sécurité du territoire, de garantir lexistence de la patrie, de conserver le patrimoine de gloire et de grandeur morale que nous ont légué nos aînés ». Il ajoutait : « un pays faible est nécessairement un pays pauvre. »
Il prit ensuite la présidence du comité républicain du commerce, de lindustrie et de lagriculture à laquelle le prédisposait son passé.
Il exerça la présidence dautres œuvres importantes, telles la ligue maritime et coloniale, les Chargeurs réunis, lassociation des grands ports français, lunion des chambres de commerce maritimes, le comité interparlementaire du commerce.
« Inclinons-nous bien bas devant la mémoire de cet homme, qui sut à sa finesse gasconne allier de hautes qualités de cœur et desprit. Il nous quitte après une vie toute faite de convictions et de saine raison. Méditons lexemple quil nous laisse de modération et de sagesse » conclut à sa mort Albert Lebrun.
Source : Wikipédia