Cette synthèse sur larchitecture romaine comportera deux tomes, le second étant consacré aux palais impériaux, à lhabitat urbain et aux monuments funéraires. Elle est, en langue française, la première du genre. Les anciens manuels en italien, en anglais et en allemand, qui furent en leur temps fort utiles, savèrent aujourdhui sur bien des points incomplets ou insuffisants. La réflexion sur larchitecture romaine sest, au cours de ces dernières décennies, enrichie de nouvelles connaissances, élargie à de nouveaux domaines, lestée de nouvelles problématiques. Les conquêtes de lanalyse monumentale et de larchéologie urbaine ont remis en question beaucoup didées reçues : de Rome à Mérida, dArles à Jerash, de Bath à Carthage, les acquisitions sont multiples.
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De Pierre Gros
Relié, 527 pages
Paru en 2006 chez Picard (2ème édition)
Dimensions23,4 x 28,7 x 3,8 cm
Poids2555 grammes
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Le premier tome de cette synthèse sur larchitecture romaine, paru en 1996, était consacré aux monuments publics et traitait des principales composantes du paysage urbain aux trois derniers siècles de la République et aux deux premiers siècles de lEmpire. Ce second tome aborde, pour les mêmes périodes, lanalyse de ce quil est convenu dappeler la " sphère du privé ", dont lextension savère, dans le monde méditerranéen antique, à la fois plus large et plus restreinte que celle que nous lui reconnaissons dans nos sociétés contemporaines.
Sil est un domaine ou les connaissances ont progressé au cours de ces dernières années, cest bien celui de lhabitat. qui occupe le centre du présent volume : une sensibilité plus vive au cadre concret de lexistence, lattention portée par les archéologues et les historiens aux structures les plus humbles et à tout ce qui constitua dans le passé la trame des jours ordinaires ont non seulement accru la documentation disponible mais aussi élargi les modes dinterrogation des vestiges.
Dans le même temps lapproche sociologique des composantes de la demeure des classes aisées permettait de mieux déchiffrer les signes de la réussite ou de lostentation économique dans des architectures dont le rôle fonctionnel pouvait sestomper au profit de fonctions représentatives très élaborées. Pour les villas, les harmoniques dominatrices de la construction saffirment avec encore plus de clarté, car il sagit détablir la primauté dune famille sur un domaine qui peut être énorme ; la dialectique entre les aménagements liés à la production et ceux qui expriment la fortune ou la culture du maître des lieux est révélatrice de lesprit démulation qui règne entre les propriétaires dun même territoire.
La section consacrée aux monuments funéraires implique la mise en œuvre de méthodes différentes ; les tombeaux semblent en effet, dans lesprit des théoriciens comme des bâtisseurs romains, hors du champ de larchitecture proprement dite. Malgré la multiplicité presque infinie des choix formels et décoratifs dont ils relèvent, ils nen expriment pas moins, plus fidèlement que bien dautres constructions, les prétentions, les espérances, la richesse ou la misère de ceux qui les ont fait élever ; leurs alignements le long des routes ont animé pendant des siècles le paysage suburbain et proposé une sorte dimage anticipée de la ville dont ils annonçaient la proximité.
En guise de conclusion, deux chapitres regroupent et ordonnent les données répandues à travers ces deux volumes, concernant dune part lévolution de lordre corinthien, qui est lordre romain par excellence et dont linfluence sur larchitecture européenne allait être immense ; et dautre part la formation, le statut social et les modes daction des architectes, quils soient engagés dans des programmes publics ou dans des opérations privées.